Ce jeudi 15 à la distribution:
Hélène Richards, Thomas Hedouin et François Lebas.
La semaine prochaine, le 22:
Flora Duquesne, Cyrille Chopin et Stéphanie Le Gal-Nigaise
Prochaine feuille de chou: René (on a échangé nos dates !)
Dans nos paniers, des topinambours...Et on ne dit pas BERK ! La guerre est finie, et les topinambours ont un très bon goût d'artichaut! Ils sont juste casse-pied à éplucher alors on peut se contenter de les brosser et c'est bon...On peut en faire un velouté en y ajoutant une courge Butternut et des patates douces. On peut les mettre en purée avec des pommes de terre. Les faire rôtir avec des carottes. Les mettre dans des tartes salées. Internet regorge de recettes. J'en ai choisi une pour vous, celle qui me faisait le plus envie: des muffins salés aux topinambours et aux noisettes!
- 180 g Topinambour
- 50 g Noisette(s) entière(s)
- 75 g Farine
- 75 g Gruyère râpé
- 3 Œuf(s)
- 1 Levure chimique
- Sel
Préparation :
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1.
Préchauffez le four à 180°C.
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2.
Pelez les topinambours puis râpez-les finement. Mélangez-les avec la farine, le sel et la levure chimique dans un saladier. Ajoutez les oeufs et le gruyère puis les noisettes concassées. Remuez bien.
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3.
Placez des caissettes en papier dans des moules à muffin. Versez-y la préparation. Enfournez pendant 25 minutes.
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4.
Laissez tiédir quelques instants à la sortie du four. Démoulez les muffins puis servez.
Bon appétit! Et pour finir en littérature, la dernière anachronique de Clément, un petit air de nostalgie...
Bout de ficelle et fil de fer
En écrivant ces mots, je vois le visage malicieux de ma grand-mère paternelle. Je vois celui de mon grand-père aussi. Tout autant malicieux. Heureusement qu'il y a les photos. Elles entretiennent, elles maintiennent les souvenirs. En les regardant j'imagine mon père en train de prendre ces photos. Ma grand-mère est toujours vivante. Mon grand-père aussi. Ils sont dans mon bureau. Elle tenait une quincaillerie. Il s'occupait des moutons. Elle vendait des clous au poids sur une balance romaine. Tous les soirs, il appelait ses brebis en secouant son seau à grains. Elles défilaient en sautillant dans le pédiluve avant d'entrer dans la bergerie.
Je regarde ma ferme. Je pense à eux. Je pense à cette expression. Elle le surnommait « Bout d'ficelle et fil de fer ». Chez lui, toutes les barrières étaient bricolées selon cette philosophie, ou selon cette technique si vous préférez. Chez moi, il n'y a pas une serre sans fil de fer en guise de poignée, sans bout de ficelle en guise de poulie. Je ne vais quand-même pas en acheter une neuve chez Deux-Trois Machins. Encore moins une pièce en acier pour coincer les bâches sur les arceaux chez le marchand de glinglins pour maraîchers, alors que des chutes de tuyau en polyethylène serrées avec des fils de fer font aussi bien l'affaire. Cela demande plus de technique et un peu plus d'attention. Il ne faut pas s'écorcher dessus. Il ne faut pas non plus s'attarder sur l'esthétique. Rien n'est jamais vraiment fini chez moi. Il y a toujours un petit bout de truc qui traine. Un petit bout de machin qui dépasse. Pourtant je lutte, j'essaie de ranger, de soigner les nœuds pour qu'ils se fondent dans le décor, pour qu'ils ne s'effilochent pas. J'essaie de peaufiner les torsades pour qu'elles aient l'air bien polies.
Des jours oui, des jours non. La quincaillerie de ma grand-mère m'avait l'air harmonieuse. Je ne sais si l'on pouvait dire ordonnée. Les granges de mon grand-père m'avaient l'air ingénieuses et bien pensées. Je ne sais si l'on pouvait dire bien bâties. L'ordre et l'harmonie, questions de philosophie. Est-ce que je fuis l'ordre par paresse ou par principe ? Est-ce pour autant que je cherche l'harmonie ? Les deux sont questions de point de vue. Cela m'arrange. Cela m'aide à arranger ma conscience avec ce que mes yeux voient. Ou avec ce que je vois dans les yeux de ceux qui découvrent ma ferme.
Je retourne à mes aïeux. Quand je regarde leur portrait, je n'ai pas peur de vieillir. J'ai envie de poursuivre mon chemin. J'ai parfois l'impression de naviguer à vue mais je crois que ces visages me guident inconsciemment. Ils semblent ne pas se soucier des contingences. Comme si les épines de l'existence avaient glissé sur leur peau tels les flots sur la coque d'un bateau. Dans ma ferme, j'ai plutôt l'impression d'être un brise-glace, cerné par tous les problèmes possibles, qui fend laborieusement la lame, qui serre les fesses mais qui garde sans cesse le sourire. Le sourire de ma grand-mère en guise de cap.
Clément Lechartier